Et si on pouvait bientôt (au plus tard en 2022), mesurer la performance énergétique d’une rénovation en moins de 24 heures, alors qu’il y a quelques années il fallait 14 jours et qu’aujourd’hui, il en faut encore 4 ? Comment cette mesure objectivée pouvait engendrer une confiance accrue des consommateurs dans les entreprises ? Et cette confiance accrue ne pourrait-elle pas inciter les Français à se lancer plus sereinement dans des travaux de rénovation ? 

C’est à ce triple défi que répond le projet Sereine, comme nous l’explique Philippe Estingoy, Directeur général de l’Agence Qualité Construction (AQC).

Sereine est un dispositif de mesure de la performance énergétique. Quel en est le principe ?

L’ambition de Sereine est de mesurer en moins de 24 heures la performance énergétique intrinsèque d’une construction, tant au niveau de son enveloppe que de ses équipements. Au cours de la rénovation, une première mesure sera faite avant les travaux et une seconde lors de la réception. Cette démarche s’adresse de ce fait en premier lieu aux entrepreneurs, notamment à ceux qui travaillent sur l’isolation et l’étanchéité à l’air des bâtiments, pour qu’ils puissent justifier de la qualité de leur prestation. Mais les particuliers eux aussi sont concernés. Avec Sereine, ils savent qu’à l’issue du chantier, ils pourront connaître la vraie performance de leurs travaux. C’est une source de tranquillité et un gage de confiance mutuelle.

Pourquoi cette relation de confiance est-elle si importante aujourd’hui ?

Parce qu’elle s’est érodée. Depuis l’affaire du « Dieselgate », le consommateur n’a plus confiance dans ce que certains prestataires lui racontent sur ce sujets important des économies d’énergie. De plus, ces dernières années, avec la multiplication des discours et des offres alléchantes à 1€, les médias ont ciblé à juste titre les « éco délinquants » qui sont une réalité mais pas une généralité et cela génère de l’inquiétude. Il y a donc un vrai besoin de restaurer la confiance. C’est justement ce que nous faisons. En donnant aux entreprises des outils pour qu’elles puissent prouver qu’elles font du « bon boulot ». Et aux particuliers l’assurance qu’ils pourront contrôler ce qui a été  fait. Cette confiance pourra inciter les Français à faire des travaux pour améliorer la performance énergétique de leur logement. Créer cette confiance est donc une urgence pour notre pays comme pour notre planète.

Mais cette mesure existe déjà ! Qu’est-ce qui change avec Sereine ?

Le seul dispositif normé qui existe aujourd’hui réclame 14 jours. Avec le projet qui a précédé Sereine et que nous avons lancé dans le cadre de PACTE il y a 6 ans, nous étions descendus à 4 jours. Sauf qu’il était difficilement praticable. Pour faire ces mesures, il faut en effet que les lieux soient inoccupés. Or, on ne peut pas exiger d’un client qu’il quitte son logement pendant deux fois 4 jours… C’est trop long et beaucoup trop cher. Avec Sereine notre objectif est de descendre à moins de 24 heures et de procéder à des mesures de nuit. Ce qui démocratisera l’outil et son usage.

Les Maison expérimentales INCAS sur la plateforme de recherche de l’INES (Savoie), permettent de tester la robustesse des protocoles de mesure SEREINE

Où en est Sereine aujourd’hui ?

Malgré la crise sanitaire, nous avons bien avancé sur les capteurs et tout ce qui a trait au mesurage, pour que les process soient plus simples, plus clairs et que les opérateurs soient formés. Les tests sur le terrain et les travaux en laboratoire ont subi quelques mois de retard à cause du confinement. On travaille en parallèle avec des mathématiciens pour réduire l’incertitude des résultats au maximum. Un séminaire de réflexion à distance va se tenir sur ce sujet en octobre et donnera lieu à une publication. 3 autres séminaires qui débuteront également dès octobre , impliqueront la filière pour réflechir collectivement à l’opérationnalité de la mesure, son coût et la mise en œuvre des audits des équipements techniques. Plus de 50 personnes et 7 partenaires travaillent d’arrache-pied pour que Sereine soit au RDV dès janvier 2022.

De quoi lui garantir un maximum de succès ?

Nous pensons qu’il aura en effet beaucoup de succès en France mais aussi, au-delà, en Europe. J’ai participé personnellement à des réunions à Bruxelles autour des enjeux de performance énergétique et tous les pays se posent la question de savoir comment être sûr que cette performance soit atteinte. Ils vont donc tous mettre à profit l’expérience de Sereine ou s’en inspirer.

En savoir plus :

  • Sur le projet SEREINE
  • Sur le Programme PACTE (Programme d’actions pour la qualité des constructions et la transition énergétique) 
  • Sur les partenaires du projet : le CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment), l’INES (Centre de recherche et de formation sur l’énergie solaire et le bâtiment), le CEREMA (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) , l’Armines (Association de recherche de l’école des Mines), le COSTIC (Comité scientifique et technique des industries climatiques), l’Université de Savoie Mont Blanc – département mathématiques, NOBATEK / INEFF 4 (Institut national pour la Transition Energétique et Environnementale du bâtiment)