Conçue pour objectiver la performance thermique d’un bâtiment neuf ou rénové, la mesure SEREINE Enveloppe est aujourd’hui opérationnelle en 24 h(1). Avant de la déployer, il fallait cependant la tester en conditions réelles pour consolider le protocole et faciliter son transfert à la filière. C’est pourquoi l’équipe projet a mis en place, courant 2020, un premier dispositif d’expérimentation national, avec 40 à 50 essais terrain sur des maisons individuelles et de petits bâtiments collectifs. 20 entreprises, soit 34 opérateurs, y ont été formées. Retour sur l’organisation de ces essais, leur déroulement et les premiers retours d’expérience.

L’enjeu,
Consolider le protocole et faciliter le transfert aux professionnels

Un exemple d'expérimentation in situ effectué à Passy en Haute-Savoie

Le premier enjeu du dispositif d’expérimentation SEREINE est de consolider la solution de mesure. A commencer par la méthode. C’est-à-dire entériner le modèle mathématique et définir le meilleur rapport entre la durée d’une mesure et le niveau d’incertitude associé, pour chaque type de logement. Concernant le matériel de mesure, l’objectif est d’en réduire l’encombrement, le poids et peut-être le nombre de capteurs, et aussi d’en définir le prix. Reste la mesure elle-même, dont il faut caler les moindres détails, de son lancement à la remise du rapport, en passant par la relation entre l’opérateur, l’entreprise qui a fait les travaux et le propriétaire de la maison.

Mais il s’agit aussi de faciliter le transfert de SEREINE aux professionnels. En prouvant à tous les acteurs de la filière que la méthode est opérationnelle, prête à être déployée. Et en formant un réseau d’opérateurs, capables de réaliser les mesures SEREINE et d’en être de futurs ambassadeurs.

Le dispositif,
8 antennes, 34 opérateurs formés et 40 à 50 essais

Carte des antennes Sereine

Pour mener à bien ces essais, l’équipe projet a mis en place un dispositif solide couvrant tout le territoire, avec 8 antennes, un réseau de 34 opérateurs formés et 40 à 50 essais sur le terrain.

Réparties dans toute la France, les 8 antennes sont supervisées chacune par un des partenaires du projet (voir carte). Elles ont pour mission d’organiser et suivre les essais de leur région, sur le plan administratif, logistique et technique. À ce titre, elles supervisent le recrutement des maisons à évaluer, forment les opérateurs, stockent, prêtent et entretiennent le matériel, assistent les opérateurs dans leurs mesures et centralisent puis font remonter les retours d’expérience. Autant de sujets sur lesquels elles font le point une fois par mois avec l’équipe projet.

« Cheville ouvrière » du dispositif, les opérateurs font les mesures, présentent le rapport final au propriétaire et transmettent leur retour d’expérience à leur antenne. Mais leur mission est aussi de recruter les maisons à évaluer, avec l’aide des antennes, et d’être de véritables ambassadeurs de SEREINE. C’est-à-dire de promouvoir la méthode auprès des maîtres d’ouvrage et des professionnels de leur réseau, en s’assurant qu’ils en ont bien compris les enjeux.

Une mission exigeante qui explique la rigueur de leur sélection et de leur formation. Ils ont en effet été choisis en février / mars 2020, via un appel à manifestation d’intérêt (AMI) puis formés. Sur les 54 sociétés de mesure d’étanchéité à l’air présélectionnées, à l’issue d’un questionnaire en ligne, seules 20 ont été retenues, pour leur motivation, leur maîtrise de la mesure, leur implantation et leur capacité à partager leurs retours d’expérience. Tous ont été formés à la méthode SEREINE Enveloppe en deux temps. Via une formation en ligne de 2 demi-journées en mai 2020, puis une formation pratique au sein de leur antenne à partir de juin 2020 ou un accompagnement pour réaliser leur 1ère opération SEREINE. 34 personnes au total ont été formées, suppléants inclus.

20 entreprises recrutées et 34 opérateurs formés

Le déroulement,
Du choix de la maison au rapport de mesure

Un opérateur positionne les capteurs extérieurs pour préparer la mesure

Les retours,
Une méthode opérationnelle et simple à déployer

Recrutés à l’aide d’un flyer de présentation, les maisons pressenties font l’objet d’un questionnaire qui doit être validé par l’antenne. Des rapprochements sont en cours avec des bailleurs et des organismes d’aide à la rénovation pour étendre et accélérer les recrutements.

Une fois la maison sélectionnée, un prestataire indépendant vérifie que son installation électrique est conforme en matière de sécurité. Si c’est le cas, son propriétaire, l’opérateur et l’AQC signent une convention. L’opérateur peut alors commencer à préparer sa mesure, avec l’antenne. Il étudie la configuration du bâtiment, définit l’emplacement des capteurs sur le plan du logement, paramètre le matériel et programme le scénario de mesure. Il vérifie ensuite le bon fonctionnement du matériel et signe une fiche de prêt avec l’antenne.

Après avoir fait l’état des lieux avec le propriétaire et récupéré les clés de la maison, l’opérateur peut démarrer. Il ferme les ouvrants, met hors service les systèmes de ventilation, de chauffage et d’eau chaude sanitaire, occulte les fenêtres et procède à la mesure d’étanchéité à l’air de l’enveloppe. Puis il met en place le matériel de mesure, à savoir les capteurs, les dispositifs de chauffe, les ventilateurs et le concentrateur de données. Après avoir ouvert sa campagne de mesure sur l’interface en ligne et vérifié que tout fonctionne, il peut quitter les lieux et poser les scellés. Il suivra la mesure à distance sur l’interface en ligne, jusqu’à la clôture de la campagne. Une fois celle-ci terminée, il peut revenir sur place pour récupérer le matériel. Puis rendre les clés au propriétaire, après un nouvel état des lieux. Il ne lui reste plus qu’à restituer le matériel de mesure à son antenne pour qu’elle le contrôle et le désinfecte, conformément au protocole sanitaire anti-Covid. L’antenne se charge alors de réaliser les tests de bon fonctionnement du matériel. Après chaque mesure, l’opérateur formalise son retour d’expérience sur la base d’un questionnaire qu’il remet à son antenne. Les résultats de la mesure SEREINE Enveloppe sont analysés par le CSTB qui récupère les données de la mesure directement via une interface en ligne, les analyse, puis rédige le rapport et le transmet à l’antenne, pour que l’opérateur puisse le présenter au propriétaire.

Même si quelques réglages restent à faire, les opérateurs estiment que SEREINE est une méthode opérationnelle et simple à déployer, que le matériel est facile à installer et que le suivi à distance est à la fois efficace et pratique.

Grâce à la richesse de leurs retours, les quelques points encore à ajuster l’ont été dans la foulée ou sont à l’étude et devraient rapidement être résolus. En voici un rapide panorama.

  • Encombrement du matériel : sa miniaturisation est en cours. Les ventilateurs, par exemple, ont été intégrés aux dispositifs de chauffe sur les nouvelles versions du matériel.
  • Transport du matériel : des caisses de rangement sont à l’essai pour faciliter la manutention du matériel.
  • Occultation de surfaces vitrées en l’absence de volets : plusieurs solutions d’occultation temporaires sont à l’essai.
  • Capteurs positionnés à l’extérieur du logement et donc exposés au vol et/ou à la dégradation : des tests sont en cours pour voir si on peut en supprimer tout ou partie, en conservant des résultats acceptables.
  • Rapports finaux trop techniques pour être présentés en l’état aux propriétaires : leur présentation comme leur rédaction sont en train d’être retravaillées.

Sur les 40 à 50 essais prévus, 18 ont été réalisés depuis janvier 2020, dont 6 par des opérateurs. Les premiers ont en effet été réalisés par les antennes, en attendant que les opérateurs soient sélectionnés et formés. Il reste donc, pour ce premier dispositif d’expérimentation, entre 20 et 30 maisons à évaluer avant le 31 octobre, dont 18 ont déjà été recrutées avec une intervention programmée ou en attente de programmation.



Article rédigé avec l’aide d’Aurélien Lopes, responsable de projets à l’Agence Qualité Construction (AQC) et porteur du projet SEREINE ; Géraldine Garnier, ingénieure recherche au Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) et responsable des expérimentations SEREINE ; Sylvain Berthault, chargé d’affaire au Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (CEREMA) et responsable d’antenne ; Arnaud Decobert, chef de projet au CEREMA et responsable d’antenne ; Pauline Perdrix, chef de projet au Centre de recherche appliquée, Institut national pour la Transition Énergétique et Environnementale du bâtiment (Nobatek/INEF4) et responsable d’antenne ; et Cécile Le Berre, Directrice des Opérations chez Polyexpert Environnement et opérateur de mesure SEREINE.



1 – Ou 48 h dans certaines configurations

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